Marathon
Après mes premières distances au-dessus de 20
km en compétition, je me suis lancé sur l’objectif du marathon. J’avais des
bonnes sensations sur les distances inférieures et je trouvais que c’était une
expérience à vivre.
Mon choix s’est porté tout de suite sur la
transléonarde pour la proximité et la facilité d’organiser le déplacement sur
le site pour le jour de la course. Etant donné (et à juste titre !) qu’il
s’agit du plus beau marathon de France, ça n’a que conforté mon choix. Et puis,
je savais qu’il y aurait des coureurs au trail des naufrageurs le même jour
dont Amélie mon épouse, ça permettait de partager l’arrivée avec du
monde !
Après une grosse préparation de 12 semaines,
je me retrouve au départ à Plouescat dans une super ambiance. Je suis motivé,
prêt à relever le défi. Le temps est moyen mais à ce moment-là pas de vent, ma
crainte principale était d’avoir le vent de face sur cette distance.
Au départ, je suis donc serein, j’ai les
conseils avisés de pleins de personnes en tête et l’état de forme est bon. Je
profite à ce moment pour remercier tous ceux qui ont pu me conseiller,
m’accompagner sur les sorties de préparation, au-delà de l’aspect physique, ça
fait vraiment gagner sur le mental à un départ.
Ça part plutôt vite et je mets quelques km à
caler le rythme. Le premier ravitaillement arrive assez tôt, je le prends, je
suis parti léger, j’ai prévu de m’arrêter à chaque.
Arrivé au 10ème km, je me dis que
je suis parti un peu vite mais je me sens bien, je lève un peu le pied car je
sais que je vais arriver sur la ligne droite de Goulven et que
psychologiquement elle peut laisser des traces.
Je passe Goulven et le passage au 1er
semi, franchement je suis à l’aise, le rythme est bon, je suis même resté sous
les 5 : 00 du km, j’ai l’impression d’avoir du jus ! Sauf que nous
rentrons sur la partie sentier du parcours ! Et là autant dire que c’est
un changement brutal au niveau des sensations.
Je commence à sentir l’acide lactique, des
chocs qui se répercutent partout dans le corps et en particulier le dos. Le
chemin n’est pas « roulant » et la différence avec le 1er
semi est énorme. Je me dis que la seconde partie va être TRES longue si on
reste sur le sentier (ce qui est majoritairement le cas). A cela s’ajoute deux
paramètres qui font évoluer la course, le retour du soleil et le vent qui se
lève… Les marathoniens duos qui commencent à arriver à fond aussi font mal au
mental également.
Je décide de lever franchement le pied et
commence à sortir tout objectif de chrono de ma tête. Il reste un peu moins de
20 km à faire et c’est long et je sens que ça va être dur. Je m’arrête toujours
sur les ravitaillements, prends le temps de m’hydrater et de manger. Je suis
passé d’un 1er semi avec des super sensations à un second qui me
semble interminable mais le mental est toujours là !
Mais ça, c’était avant la descente de sentier
rocailleux sur 10 à 20 pauvres mètres peu après le 32ème km (je sais,
c’est précis, c’est dire le traumatisme J). Dans cette descente, j’ai un appui un peu forcé sur une première
jambe et là grosse douleur au mollet, comme une décharge et je sens que c’est
figé. Je serre les dents, et compense en appuyant sur l’autre jambe et du coup,
je fais la même décharge sur l’autre jambe. A ce moment, j’ai bien conscience
qu’il reste 10 km à faire et je ne sais pas si ça va être possible de courir
ainsi.
Je tente sur 2 km et fini par arrêter à cause
de la douleur, j’ai les mollets en feu comme jamais et les douleurs au dos qui
sont revenus. Bref, je me demande mais qu’est-ce que je suis venu faire
ici ? Et n’importe quelle personne en vélo, trottinette, char à voile qui
me propose de grimper et de m’amener à Guisseny je saute direct !!!
Je marche sur un peu plus d’1 km avec des
tentatives infructueuses pour me relancer. Le fait de marcher me permet de me
rendre compte qui je ne suis pas tout seul dans cette galère. Je tombe sur un
coureur en grosse difficulté également mais qui fait le choix de ne pas marcher
et court à petit rythme et me propose de m’accrocher avec lui. Franchement, ça
fait partie de ce qui rend la course à pied top ! On vient tous faire une
performance individuelle mais il y a un esprit de solidarité assez généralisé
sur les courses et là ce jour-là, j’en avais besoin ! Je me relance avec
lui, il a un coup de mieux et accélère, je ne le suis pas je ne suis pas en
capacité. Malheureusement pour lui, je le redouble plus tard, j’essaie de lui
rendre la pareil et lui propose de le tirer, mais il est dans un état difficile
et me dit qu’il ne se sent plus de courir en continu et m’encourage à
continuer. Il doit rester 6 km.
A ce moment, il commençait déjà à faire chaud
mais là ça devient dur à gérer car malgré le fait d’avoir bu à tous les
ravitaillements, je me sens très déshydraté, j’ai l’impression de ne plus
transpirer. Je dois avoir une sale tête car sur un ravitaillement, je vois la
personne qui me sers de l’eau se décomposer en me regardant J et me demander si ça va et de lui répondre « Non et j’ai
l’impression que ça se voit J ». Elle me dit de m’accrocher
qu’il y a d’autres ravitaillements avant la fin. Je me dis, OK, interdiction de
marcher entre deux ravitaillements et ça va aller je vais le finir !
Ça marche ! Je tiens coute que coute,
j’arrive à Guisseny et je m’accroche dans cette fichue montée (c’est tellement
horrible pour finir !). Je commence à reconnaitre des têtes dans la foule je
tiens le bon bout ! Et à quelques centaines de mètres, je vois Amélie, qui m’encourage et qui se décompose quand elle
voit mon état J Elle court la fin avec moi et on
franchit la ligne d’arrivée à un peu plus de 4h02 de courses. Le temps est
anecdotique, je voulais juste en finir. Un mélange de satisfaction d’avoir fini
et de frustrations se mélange. Je m’en veux d’avoir subi à ce point-là la
deuxième partie et je suis content de ne pas avoir lâché.
Avec le recul, je suis content d’avoir fini ce
marathon bien que j’espérais que cela se passe mieux. C’est vraiment une course
différente, la distance nous fait aller chercher dans nos retranchements. Je
vais tirer les enseignements de la course pour ajuster la préparation et
améliorer la gestion de la course (partir moins vite, et prévoir du sel, j’ai
fait une grosse déshydratation à la limite du malaise probablement lié à ce
manque plus qu’au manque d’eau d’après le retour du médecin avec qui j’ai
échangé à l’arrivée). Je n’ai pas fixé d’objectifs pour l’instant mais je
retenterais l’aventure une nouvelle fois !
PIERRE ANTHONY (N° 273)
RÉSULTATS DE LA COURSE
CLASSEMENT
179eGÉNÉRAL
20eCATÉGORIE
INFOS
04:02:42
TEMPS INTERMÉDIAIRES :
TRONCON 1
TEMPS | CLASSEMENT | CLASSEMENT CATÉGORIE | CLASSEMENT SEXE |
---|---|---|---|
01:37:17 | 87 | 14 | 85 |
TRONCON 2
TEMPS | CLASSEMENT | CLASSEMENT CATÉGORIE | CLASSEMENT SEXE |
---|---|---|---|
02:25:26 | 229 | 24 | 205 |